Plus que la psychiatrie de l’adulte, la pédopsychiatrie est en crise dans la plupart des pays dans
lesquels, comme en France, au Royaume Unis ou aux Etats-Unis, elle a connu un développement
très important dans la deuxième moitié du siècle dernier. Notre hypothèse est que cette crise
est en rapport avec la nature même de la pédopsychiatrie, ce qui la caractérise, avec les forces
et les faiblesses, que lui donnent son caractère multifactoriel et la place qu’elle donne aux
abords psychopathologiques. L’introduction des troubles du neurodéveloppement (TND) dans les
classifications internationales (DSM-5 et CIM-11) est venue confirmer cette vulnérabilité, puisque
le changement important qu’elle a introduit s’est traduit par une réduction drastique de la place que
la pédopsychiatrie donne aux abords psychopathologiques. Cet article prend l’exemple de la fugue,
situation clinique non rare, qui tout en réclamant “naturellement” l’intervention de la pédopsychiatrie
échappe aux modèles opérants issus de la référence aux TND ; il montre montre que c’est par ses
capacités psychopathologiques que la pédopsychiatrie peut contribuer au traitement des enfants
concernés par la fugue en distinguant dans ses formes les plus fréquentes (celles qui ne sont ni
associées à des troubles psychiatriques avérés ni à un choix délibéré) les fugues-provocation qui
sont un appel à l’autre et les fugues-destruction qui visent au contraire à son éradication.
Mots clés : Pédopsychiatrie ; classification des troubles du neurodéveloppement ; fugues de l’enfant et de
l’adolescent ; psychopathologies … Lire l’article intégral